
Biais cognitifs et intelligence collective
Biais cognitifs et intelligence collective.

Le biais cognitif est ce raccourci inconscient que prend notre cerveau et qui nous pousse à agir d’une certaine façon plutôt que d’une autre.
Car notre cerveau aime ce qui est simple et économe… et donc dès que cela est possible il simplifie, à notre insu.
Dans l’intelligence collective, le biais cognitif peut concerner tout le monde : l’animateur ou l’animatrice mais également le groupe lui-même.
Il est donc important de les repérer et d’adopter des stratégies de débiaisement.
Les biais cognitifs qui impactent l’intelligence collective
Des biais cognitifs, il en existe beaucoup… mais certains sont particulièrement problématiques dans un environnement de collaboration.
Le biais cognitif de modèle mental
Nous avons tous une façon de comprendre et de lire le monde. Et ce modèle peut nous influencer dans nos analyses et nos jugements.
Ce biais est très proche du biais de confirmation qui tend à nous focaliser sur certaines informations renforçant nos convictions ou qui minimisent au contraire celles qui ne servent pas nos croyances.
C’est ce qui est le plus compliqué pour l’intelligence collective : comment peut-elle se développer dans un écosystème où le modèle hiérarchique est dominant, alors que la participation exige justement de gommer cette différenciation pour donner toute leur valeur aux idées ?
Une façon de débiaiser est d’être dans une posture de questionnement, d’expérimentation, de s’ouvrir à de nouvelles sources d’information et on voit bien à quel point l’intelligence collective est liée, voire conditionnée, à un environnement plus général d’ouverture.
Autrement dit, dans les organisations où un modèle mental est très dominant, on doit procéder par petites touches d’intelligence collective, en prenant soin de produire des résultats qui peuvent augmenter le réel perçu et favoriser des prises de conscience comme des questionnements. Il s’agit par exemple de créer des petites expériences sur le management participatif qui créent des ouvertures sur une autre vision, par exemple celle de l’autonomie et de l’initiative, sans remettre frontalement en cause la relation hiérarchique.
Le biais cognitif d’ancrage
Nous avons toujours une valeur de référence, initiale, qui influence notre perception et notre estimation. Par exemple, en tant qu’animatrice, lorsque je démarre un atelier je peux être victime de ce biais en attribuant des dimensions à des participants en fonction de leurs premiers comportements. Et la même chose peut se produire dans le groupe.
Le brise-glace est une excellente façon de débiaiser car il permet à tout le monde d’adopter des postures nouvelles et donc de vivre des expériences différentes de celles qui ont pu créer la référence de base. Et c’est aussi une posture perpétuellement de questionnement et d’ouverture de la part de l’animateur/animatrice, pour rechercher par exemple des arguments contradictoires à l’ancre. Cela signifie qu’il faut pouvoir la repérer !
Le biais cognitif de cadrage
La perception d’une information dépend très largement du contexte dans lequel elle est présentée et que ce contexte peut largement influencer notre décision.
Aller contre ce biais suppose d’être extrêmement vigilant à la façon de présenter les informations. Pour l’animateur, c’est prendre le soin de reformuler, de faire reformuler aussi et dans le groupe de ne pas hésiter à aller chercher des nuances, plusieurs angles d’analyse et cela réside dans l’art du questionnement du facilitateur ou de la facilitatrice. Et il faut essayer d’être le plus neutre, le plus factuel possible lorsque l’on questionne.
Le biais cognitif de conformisme
Nous avons tous tendance à nous comporter comme les autres et à être influencé par la norme sociale. Car appartenir à un groupe est une façon de se sécuriser.
Mais ce biais peut notamment empêcher dans un groupe de prendre la parole pour énoncer des idées divergentes.
Il est donc important pour le facilitateur et la facilitatrice d’ouvrir au maximum les perspectives pour atténuer ce risque. Et là encore, la reformulation et le questionnement sont deux outils précieux.
Le biais cognitif de récompense immédiate
Ce biais nous amène à privilégier l’action qui délivre un gain immédiat même si le bénéfice à moyen ou long terme est supérieur.
Cela est encore accentué dans des organisations où l’imaginaire de la performance est lié à des prises de décision rapides.
Ce biais peut être une entrave à l’intelligence collective qui a besoin de temps pour mûrir, pour parvenir à l’expression d’idées originales, de visions consensuelles.
L’attitude à avoir vis-à-vis de cette tendance qui peut donc aussi être liée on le voit à un biais de modèle mental, est de développer la confiance du groupe dans son potentiel.
C’est en premier lieu une conviction que doit porter l’animateur/animatrice. Mais c’est aussi une prise de conscience que le groupe va évoluer au fil du temps.
Il faut partir du principe que le groupe va trouver son modèle de performance et finira par produire des résultats, qu’il s’agisse d’idées ou de relations, d’apprentissage sur un sujet ou sur soi.
En conclusion
Le rôle du facilitateur et de la facilitatrice est primordial.
L’observation, l’écoute active, sont les bons moyens de repérer les biais cognitifs qui s’expriment dans son propre comportement comme dans les interrelations au sein du groupe.
Sa posture est d’utiliser des outils de questionnements, mais aussi toutes les expériences propices à de nouveaux usages et comportements.
L’objectif est de proposer un cadre neutre et ouvert qui autorise des pensées originales, des pas de côtés, tout en rassurant le collectif sur sa légitimité et sa raison d’être.